vendredi 5 mai 2017

En hommage à Hank Mobley... Le septet d'Olivier Pinto

En prélude à  un proche réveil  printanier, le "Coeur qui Jazze" sort un moment de sa torpeur hivernale pour attirer l'attention de ses lecteurs sur deux vidéos YouTube après qu'elles ont été portées à ma connaissance par mon ami Jean-Jacques Pinto.

On y découvre le septet de son neveu, le bassiste Olivier Pinto, dans une passionnante entreprise consistant en l'arrangement pour une formation de quatre cuivres de "This I Dig of You" ainsi que de "My Groove Your Move", deux compositions du grand saxophoniste ténor Hank Mobley dont une photographie en pleine action captée en 1968 à l'American Center du Boulevard Raspail à Paris orne l'en-tête de ce blog.

Hank Mobley, Dizzy Reece, Slide Hampton. Paris TNP 1969.
© Marc Arondel

"This I Dig of You" est une des perles de "Soul Station" (BLP 4031) , avec une section rythmique de rêve (Wynton Kelly, Paul Chambers, Art Blakey) et unanimement reconnu aujourd'hui par les amateurs et les musiciens comme un des chefs-d'oeuvre du catalogue Blue Note.



"My Groove Your Move" appartient pour sa part à "Roll Call" (BLP 4058) le deuxième  chef-d'oeuvre enregistré par Hank Mobley pour Blue Note, avec le même personnel et l'appoint du trompettiste Freddie Hubbard. C'est un thème flamboyant alla Jazz Messengers, bien dans l'esprit de cet âge d'or du Hard Bop mâtiné de funk, de blues et de soul que l'on redécouvre aujourd'hui dans leur chaleur et leur  spontanéité restées intactes.



Hank Mobley aura vécu deux ans à Paris, et c'est entre autres au Chat Qui Pêche à cette période  que j'eus la chance  de l'écouter. Je fais depuis partie de la confrérie  trop restreinte  hélas de ses admirateurs inconditionnels. Il nous aura quittés il y a maintenant trente et un ans à Philadelphie, mais ses nombreux disques portent toujours le témoignage de sa musique et de ses compositions, dont j'ai pu constater qu'elles  connaissaient, depuis la reprise en 1988 de "Funk in Deep Freeze" par John Zorn, George Lewis et Bill Frisell un regain d'intérêt croissant auprès des nouvelles  générations de jazzmen.


Il m'est impossible de ne pas évoquer à nouveau ici la reprise vocale par l'enthousiasmante Camille Bertault du chorus de Hank Mobley dans "If I Should Lose You", standard également enregistré au cours de la session "Soul Station".



De la même manière en 2003, le chanteur George V. Johnson avait  entrepris de composer des paroles, y compris note pour  note sur les solos dans la grande tradition du "vocalese"  de près d'une quarantaine de compositions de Hank Mobley devenues des classiques. En voici après l'original un exemple sur "East of the Village" figurant dans l'album "The Turnaround" (BLP 4186).



Je signale également "A Tribute to Hank Mobley and Grant Green" du batteur autrichien Bernd Reiter avec le saxophoniste Eric Alexander. La formation  a été entendue plusieurs fois en France en particulier cette année au Duc des Lombards à Paris. Un album a été enregistré pour la compagnie SteepleChase, mais est devenu difficile à trouver. Il est attendu le 26 novembre prochain dans le cadre d'un concert organisé par l'association JazzAisneCo présidée par mon grand ami Denis Lefèvre.


Concernant concerne la postérité de Hank Mobley auprès des plus jeunes il semble que la relève est assurée à écouter  Zaq Davis (quatorze ans ) exposer à la trompette "My Move Your Groove" à partir du relevé disponible sur le site jazzleadsheet.com et sur l'original préalablement enregistré sur Garage Band.



On trouvera par ailleurs cette longue et passionnante  interview de Hank Mobley du 17 août 1973 publiée dans Down Beat.



ainsi que sur ce blog mon billet intitulé "Solitude de Hank Mobley, retraçant ma fugitive et inoubliable rencontre avec ce géant du jazz à la sortie du "Chat qui Pêche", un soir de pluie, il y aura bientôt cinquante ans.


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